Avocate, militante et figure du féminisme du XXème siècle, Gisèle Halimi a oeuvré toute sa vie à défendre la justice des opprimées. « Une farouche liberté » (2020) raconte ses combats au travers des questions de son amie Annick Cojean. Pionnière du féminisme contemporain, insoumise et passionnée, elle s’est battue vaillamment aux côtés des femmes de sa génération par son engagement réfléchi et lucide.

Son obstination pour l’égalité des sexes, son indignation face au patriarcat millénaire, destructeur et grotesque ont arraché une à une des réformes qui profitent à toute la société française moderne : lois sur la contraception, l’avortement, le divorce, la reconnaissance du harcèlement sexuel comme un délit et du viol comme un crime, mesures en faveur de la parité politique et l’égalité professionnelle…
Jusqu’à sa mort, elle reste convaincue que l’expérience de l’injustice, de l’exclusion, de la souffrance des femmes nous a conféré une richesse supplémentaire. Sans en avoir conscience, les femmes puisent des ressorts insoupçonnés dans l’histoire de la domination patriarcale. S’il a fallu inventer, résister et brider des pulsions, l’imaginaire féminin, la volonté et la sensibilité des opprimées se sont développés et nous donnent aujourd’hui « un sens de l’autre plus aigu, une indulgence pour la marge, une empathie pour les fragiles…Une nouvelle nature ? ».
Le courage, l’endurance et la résilience de Gisèle Halimi et des femmes de son époque ont mené un combat valeureux qui n’a jamais versé de sang. Fondé sur la liberté, leur féminisme reste une philosophie qui réinvente les rapports hommes-femmes. C’est un idéal qui permet d’entrevoir un monde apaisé où les destins des individus ne seraient pas assignés à un genre. Etre féministe, cela signifie une libération des femmes mais aussi celle des hommes, désormais soulagés des diktats de la virilité.
La lutte de Gisèle Halimi se pérennise par la jeune génération. J’ai découvert récemment Typhaine D (premier prix du concours de l’éloquence de la Fondation des femmes en 2018). Les mots ne sont pas innocents. Ils traduisent une idéologie, une mentalité, un état d’esprit. Laisser passer un mot, c’est le tolérer. N’ayons plus peur de nous dire féministes.
« Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience »
René Char
Léontine