Je n’aime pas nécessairement Netflix. Le principe et l’industrie qu’il représente ne m’ont jamais fascinée. Élevée en fût d’art et d’essai, j’ai beaucoup d’aprioris sur les plateformes de streaming mais dernièrement j’ai pu accéder à un compte. J’ai alors pris certaines de mes convictions pour les ranger derrière mon coussin à poils sur mon canapé.
Depuis, je parcours les propositions LGBTQI+ et féministes.

Ce soir, alors que le media Simone annonce qu’Olivier Véran aurait tenu des propos en faveur de la PMA pour les femmes gay et seules pour cet été (oui oui), j’ai eu envie de visionner une de ces propositions filmées.
J’ai choisi, pour son titre, le documentaire de Johnna Demetrekas « Les Féministes à quoi pensaient-elles ? » (2018) et j’avais envie d’en parler.

La réalisation et la narration
La parti pris du documentaire est assez simple. Le montage propose une succession de plan d’archives, d’extraits de films et d’interviews de femmes photographiées par Cynthia MacAdams dont une de ses expositions ouvre le documentaire. Le film se rapproche ainsi d’avantage d’un reportage de par le choix du séquençage.
La trame narrative, quant à elle, est assez diffuse et défile les témoignages de ces femmes photographiées. Elles y décrivent des époques, des communautés très différentes perdant parfois le spectateur depuis les années 50 dans les communautés afro et les années 70 et ses communautés gay.
Certains clichés sont bien présents et l’on comprend vite qu’on a affaire à un documentaire dont l’objectif est de décrire un patriarcat culturel d’avant 1980.
Pas mal de digressions sont aussi à rapprocher (ex : Hiroshima) mettant très vite de côté, au fil des interviews, toute trame chronologique. Bref on s’y perd un peu.
Gay et féministe ?
La composition et la narration sont relativement simples mais les interviews de ces femmes obligent à s’interroger sur sa propre existence (ou en tous le cas d’y penser). Je me pose pas mal de questions, par exemple, sur l’association récurrente qui est faite entre les femmes gays et les féministes.
Je veux dire même si en tant que femme gay, le féministe ne m’a jamais semblé optionnel, je me demande pourquoi ce diptyque est brandi car il reste stigmatisant.
Le documentaire approche ainsi le féminisme comme kaléidoscope ou une liste de courses tout en parlant de « THE cause » et apparaît, à bien des aspects, confus.

Le choix d’icônes comme Fonda, Anderson, Chicago à côté d’autres artistes ou activistes américaines, moins connues, s’entend dans cette démarche d’ « une seule voix pour un seul combat » et vient donner in fine du rythme à ce melting pot testimonial.
La B.O
Applaudissons la bande son. Très très sympa, elle m’a permise de retrouver Laurie Anderson (interviewée). Vous vous souvenez ? On fait une pause et on écoute. J’adore cette chanson. S’il vous plaît.
Quelques poils hérissés
Au fil des interviews de ces femmes connues ou non, on peut entendre certains propos ambigus. Une des interviewées évoque ainsi un militantisme spirituel qui trouverait essence dans la religion. J’ai dû arracher des poils de mon coussin à ce moment là.
Merci Johanna Demetrekas
Le film donne la parole a beaucoup femmes issues de différents milieux. Il brosse un portrait éclectique d’un féminisme que je m’aventure à qualifier d' »américain » mais reste intéressant sur plusieurs aspects.
Surtout, l’approche didactique et très grand public est à souligner. Ce genre de propositions sur des plateformes telles que Netflix a raison d’exister. Vraiment. Elle tabasse un peu violemment parfois la pensée féminisme pour travailler autour d’axes plus victimisants qu’analytiques mais permet de rentrer dans les salons pour créer des discussions (je l’espère).
S’il l’on veut que les propos de Véran dévoilés, ce soir, par Simone ne soient pas cantonnés à de simples apartés discrets, il faudra d’autres films de ce genre.
Il faudra faire rentrer, encore plus, le féminisme derrière les coussins à poils sur les canapés, afin qu’un jour il appartienne à l’Histoire, comme la P.M.A aujourd’hui réservée aux couples hétéros en France.
Géraldine CaRyev.
Références vues dans le doc et à partager en famille avec le café et les gâteaux
Livres
La Politique du mâle. Kate Millet. 1970.
Une chambre à Soi. Virginia Wolf. 1929.
Sisterhood Is Powerful. Robin Morgan. 1984. Anthologie écrite par le mouvement de libération de la femme (MLF).
Films / Séries
Les hommes préfèrent les Blondes. Howard Hawks. 1953.
Avec Marilyn Monroe, Jane Russell.
Comment se débarrasser de son patron ? produit par Jane Fonda. 1982-1988.
Avec Rachel Dennison, Valerie Curtin.