
Mélodies mélancoliques légères et puissantes
Une fois n’est pas coutume, écoutons le tube : « Disfruto » avant de parler du parcours de Carla Morrison. Disfruto signifie « je profite » , « j’aime » en espagnol. Une ode à l’instant perdu.
Quiero carte une beso
Perder contigu mi tiempo
Guardar tus secretos
Cuidar tus momentos
Disfruto, Carla Morrison

Disfruto est le tube de Morrison. Avant toute chose, je dois confesser que j’ai pour l’espagnol l’affection d’une enfant avec sa couverture de nuit ou son doudou. Je comprends cette langue sans vraiment faire d’effort.
Évidemment, Carla chante la mélancolie et l’amour, c’est un peu un prérequis à mon oreille spleenienne. Ce qui interpelle chez cette auteure-compositrice, ce n’est pas sa tessiture ni son timbre. Soprano, la voix n’est pas écorchée et ne traîne pas.
Parfois la poésie est une merveilleuse recette faite d’ingrédients simples : quelques accords, quelques rimes et un léger rythme au capodastre.
J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse.
A. Rimbaud
Son travail, ses albums
Auteure et compositrice de la plupart de ses chansons, Carla est mexicaine. Née dans les années 80, elle est très peu connue chez nous et en Europe alors que c’est une vraie star outre atlantique. Elle a collaboré avec beaucoup d’artistes de la scène hispanophone : Enrique Bunbury, Ricky Martin, Leonel García avec qui elle reprend le fameux « Que Lloro » du groupe mexicain Sin Bandera. Sur Spotify certains titres (Disfruto entre autres) cumulent des dizaines de millions d’écoutes.

En 2012, elle sort son premier album : « Dejenme Llorar » (Laissez-moi pleurer) qui reste mon album préféré. On y entend le titre du même non que je pourrai écouter des heures.
Déjenme llorar quiero sacarlo de mi pecho
Con mi llanto apagar este fuego que arde adentro
Déjenme llorar quiero despedirme en silencio
Hacer mi mente razonar que para esto no hay remedio
Déjenme llorar, déjenme llorarDéjenme llorar, Carla Morisson,
En 2017, elle remet le couvert avec « Amor Supremo », un album dédié à l’archéologie du sentiment amoureux. Dans le livret qui accompagne le disque, elle raconte « l’Amour dissymétrique où la frustration physique, si elle est obstacle et douleur, est aussi un pont pour saisir la dimension spirituelle du sentiment amoureux. »
En début d’année elle revient avec « El renacimiento », (La Renaissance) que je n’ai réussi à écouter sur les plateformes encore.
Indie Pop mexicaine
Le mexique c’est aussi ça, des artistes indépendants aux créations peu banales. Nos radios, nos télévisions devraient aussi proposer la scène latine pour nourrir nos âmes. Classée dans la commode catégorie « musique du monde« , elle aurait sa place à côté des Lana Del Rey (The New YorK Times, 2015) et autres artistes de la scène indie pop contemporaine.

Elle remporte deux Latin Grammy Awards pour ses deux albums, l’équivalent des Grammy que nous connaissons pour les titres en Espagnol et en Portugais.
« Yo No Nací Para Amar »
En écoutant Carla Morrison, on aurait presque envie de renaître pour aimer et de s’abandonner à nouveau. Elle donne à ce sujet si banal une densité nouvelle.
Il y a dans ces mélodies et ces textes une légèreté si puissante qu’elle vous percute dans une douce violence presque insolente.
Géraldine CaRyev.
Sources inspirantes
Thomas D. (2021). Carla Morrison, star de la chanson mexicaine, sort un 3ème album. RCF Radio. Médiathèque du Mans.
Ratliff B. (2015). Review: In Carla Morrison’s ‘Amor Supremo,’ Love and the Void. The New York Time.
