« A-men, a-women, et quel que soit ton genre ! »

Les sœurs de la perpétuelles Indulgences, Bord'elles Novembre 2021 — Sœurs du couvent des Chênaies, soirée Bord’elle, Géraldine CaRyev

D’une rencontre à Bordeaux

Je marchais avec ma copine sur l’asphalte Bordelais happée par la foule, les yeux observant les vagues colorées ou les couleurs de la différence. Il y avait ce mouvement, ces slogans, cette joie cacophonique. Un ensemble d’ensembles dans lequel je me sentais bien.

Hélène levait les bras, riait et je la suivais presque gauche. Sourire bloqué.

Ce sont les paillettes fracassées sur mon visage qui m’ont sortie de mes pensées. Une Drag Queen. Une grande poupée aux yeux trop longs, un drap flottait sur sa tête, accroché à un cerceau lui-même fixé sur son crâne. Elle scandait des paroles qui me rappelaient la rythmique de certains mots de mes tantes au sortir de l’église, petite. Des incantations ? En me rapprochant je m’aperçus très vite que le registre n’était, absolument, pas le même.

Hélène : « Les sœurs ! Les sœurs de la perpétuelle indulgence ! ».

Ainsi, lors de ma première Gay Pride à Bordeaux, un été de 2021, je rencontra les sœurs de la perpétuelle indulgence. Rencontre fugace et presque candide mais il faut invoquer mon ignorance au sujet des icônes et des événements LGBT.

Puis, je les ai de nouveau croisées lors d’une Bord’elle, à Bordeaux. Cette soirée Queer est LA soirée à faire si vous passez par là !

C’est durant cette nuit-là, que j’ai pris la photo qui illustre ce texte. Une photo sans prétention mais dont les sourires des sœurs semblent traverser tout ce qu’ils touchent. Non ?

C’est ce que ça m’a fait ce soir-là en tout cas. Derrière leurs déguisements et leur grands cils : le regard de l’humanité, celui qui enveloppe.

Qui sont-elles ?

Sœur Lola du rêve de l'ange, Jean-Baptiste Carhaix — Sœur Lola du rêve de l’ange, Jean-Baptiste Carhaix

« Être Sœur de la Perpétuelle Indulgence ne signifie pas seulement porter des robes et des paillettes perchées sur des talons aiguilles à moitié pétés, pour son plus grand (dé)plaisir ou celui des paparazzis. Être Sœur de la Perpétuelle Indulgence c’est avant tout se reconnaître dans les Vœux d’un Couvent, se mettre au service de nos communautés, et s’engager dans les Missions de l’Ordre en général » !

Le mouvement est né en 1979 à San Francisco et a essaimé à travers le monde.

Les sœurs s’organisent en couvents. Ils sont 116 aujourd’hui à travers le globe. La plupart des lectures qui m’ont permises de rédiger cet article proviennent du site du couvent de Paris.

Mais, les sœurs de la perpétuelle indulgence ne sont pas simplement une parodie du clergé, de l’église catholique, de ses rites. Les sœurs aux grands traits de khôl qui débordent promeuent la visibilité de nos existences homo et prêchent le respect de nos santés sexuelles.

À voir

Leurs vœux

Comme des carmélites, elles ont formulé des vœux, matrices de leurs actions et engagements, ils sont au nombre de six :

Promulguer la joie omniverselle.
Expier la honte et la culpabilité stigmatisantes.
Paix et dialogue entre les communautés.
Charité.
Information et prévention du VIH et des IST.
Droit et devoir de mémoire.

Pour conclure, les sœurs incarnent pour moi l’archétype des valeurs que j’ai pu côtoyer et que je côtoie chaque jour depuis que je suis sortie du placard un été de 2019.

Elles ont fracassé autant de paillettes que de joie sur mes yeux.